Lingots et piastres
La conception traditionnelle du système monétaire chinois fait que les métaux précieux n’ont jamais été utilisés pour la fabrication des monnaies.
Des monnaies en or ont cependant été fabriquées mais uniquement pour servir de réserve ou de monnaie funéraire et n’étaient pas destinées à la circulation.
Cela posait donc un problème pour le commerce international. Aucun marchand étranger ne pouvait accepter d’être payé avec de vulgaires rondelles de bronze ou de cuivre qui n’ont aucune valeur dans son pays. Il a donc fallu créer des moyens de paiement en métal précieux.
La dynastie Tang a développé l’usage des lingots d’argent utilisés pour commercer avec des étrangers. Par la suite, pour toutes les dynastie qui utilisèrent les lingots, le contrôle de leur production et de leur utilisation n’était pas effectué par l’état mais par des guildes.
On peut distinguer plusieurs types de lingots :
- les plus gros, les yuanbao qui valent 50 liang ;
- les moyens, les zhongding qui valent entre 10 et 40 liang et qui sont de forme diverses selon les périodes et les régions ;
- les petits, les kezi, valant moins de 10 liang.
Les lingots portent la marque de leur émetteur et des indications sur leur poids et éventuellement la date d’émission.
Après le milieu du XVIe siècle, les Européens commencent à explorer les mers qui bordent la Chine. Les Espagnols s’installent aux Philippines vers 1564. Ils y fondèrent le port de Manille en 1571. Il devint le relai commercial entre la Chine et l’Amérique du Sud. C’est à cette époque que les Espagnols introduisirent en Chine leur monnaie, le réal. Des pièces de 4 et de 8 réaux étaient utilisées pour commercer avec les Chinois.
Les réaux sont soit utilisés directement, soit découpés pour obtenir des morceaux de métal précieux d’un certain poids. Les marchands chinois apposaient une marque sur ces pièces après vérification de leur titre de métal précieux. De cette façon, il n’était pas nécessaire de les contrôles à chaque fois. A partir du XVIIIe siècle, ces pratiques vont se répandre progressivement dans toute la Chine et même au Vietnam et au Japon à partir du XIXe siècle. Les monnaies les plus courantes sont les réaux de Charles III, Charles IV et dans une moindre mesure Ferdinand VII.
Les pièces de 8 réaux possèdent un titre de 935/1000, ce qui en fait les pièces avec un titre le plus proche de l’étalon chinois, le wenyin qui a un titre de 937/1000. Les monnaies de 8 réaux furent appelées « piastre étalon », ou benyang.
Lorsque les Espagnols perdent leur domination de l’Amérique du Sud et que ses pays deviennent indépendants, le réal cède sa place au profit du peso mexicain, sous le nom de yingyang ou « piastre à l’aigle ».
En 1889, influencée par les Anglais, la Chine commence à frapper ses premières monnaies en argent, d’un poids similaire à celui des piastres. C’est la fin du système monétaire chinois traditionnel.